Anne-Chantal Pauwels : les débuts
La première fois ou j’ai du entendre parler de Anne-Chantal Pauwels c’était il y a 25 ans environ, dans les colonnes de la revue Compte Tours. Un magazine aujourd’hui disparu qui, avec Echappement et Rallyes Magazine, composait la lecture mensuelle de tous les amoureux de sport auto. Une époque ou internet n’existait pas. Une époque où la presse papier locale donnait les résultats des courses du coin (par chance pour moi c’était Midi Libre, loin d’être avare sur le sujet) et les résultats du Championnat du Monde des Rallyes. Pour le reste il fallait attendre un mois au minimum pour avoir les résultats d’une course hors Ligue. Et autant de temps afin de pouvoir commander et enfin recevoir la K7 VHS sur laquelle on allait enfin pouvoir se délecter des exploits de Ragnotti, Chatriot, Beguin, Oreille, Auriol, Loubet, Bug … et j’en passe.
Dans ce monde de mec, Anne-Chantal Pauwels avait la particularité d’être … une femme, qui plus est jolie, co-pilote d’un jeune fou furieux promis à un bel avenir (un certain François Delecour ), pilote à ses heures et rédactrice dans la revue Compte Tour. Je ne compte pas le nombre d’heure passé à lire ces magazines, seuls lien avec une passion et peut être en partie à l’origine de ce site, aujourd’hui. J’ai adoré lire les articles d’ Anne-Chantal Pauwels. Vingt-cinq ans plus tard, j’ai le plaisir de revenir pour vous sur cette période, avec la principale intéressée. C’est en exclusivité pour PILOTE-DE-COURSE.com et c’est maintenant. Allez c’est parti …
Anne-Chantal Pauwels : Les débuts, les joies, les galères
Bonjour Anne-Chantal Pauwels, pouvez vous nous décrire votre premier contact avec le sport automobile ? Comment s’est faite votre rencontre avec François Delecour ? Le premier roulage en Autobianchi A112 Abarth alors que vous aviez 16 ans et passiez votre permis moto ?
François et moi nous connaissons depuis l’enfance, car on est du même village (Le Mont Cassel, un des 7 monts des Flandres, réputé pour sa course de côte dans les années 70-80). On s’est retrouvés sur les bancs de l’auto-école : il passait son permis voiture et moi mon permis moto. On a enchainé directement avec le premier rallye, « le rallye de Picardie » où nous réalisions d’office les meilleurs temps de cette petite classe de voiture. A l’époque on n’avait pas un « A » mais un « 90 » à l’arrière de la voiture de course la première année.
Avec François nous avons fréquenté les mêmes Collège et Lycée … enfin … on a arrêté très vite l’école. On sortait ensemble, on était un peu les Bonnie and Clyde de la discipline, le couple infernal. On avait toute une bande de copains mécaniciens, assistance, logistique, etc … Un noyau dur de 5 ou 6 personnes qui nous suivaient partout. Au début on participait à des petits rallyes, puis on a rapidement essayé de faire de grands rallyes comme les Boucles de Spa en Belgique, sans assistance, car on voulait juste apprendre, emmagasiner des kilomètres. C’est cette histoire qui est drôle. Une histoire de fin d’adolescence, envers et contre tous ! Car dans les familles, ça ronflait pas mal : j’étais promue à un avenir brillant et un cursus d’études standard, et chez François, c’était genre : « on ne sait plus quoi faire de lui ! »
Je me souviens d’un article dans la revue Compte Tour où vous décriviez les sacrifices des débuts. Dépenser chaque euro (enfin … franc) pour votre passion. Pas de sortie, pas de ciné … Pouvez vous nous parler de cette période ? Le mannequinat pour Miss Yolène par exemple ?
Je faisais de petites prestations de mannequin dans une agence lilloise, ça me permettait de libérer suffisamment de temps pour co-piloter, rechercher des sponsors et faire des rallyes, sans avoir un boulot à temps complet afin d’être disponible. En gros, on répartissait notre temps de la manière suivante : François faisait un peu de mécanique avec ses copains et se consacrait au pilotage. Moi au co-pilotage et je recherchais des sponsors … Ça a relativement bien marché, parce que j’ai très vite réussi à inviter le milieu de la mode à suivre nos aventures automobiles, et j’ai pu avoir des budget sponsoring chez Miss YOLENE, DAMART, puis chez CARABI, trois marques de mode qui nous ont suivis durant les premières années. C’était une vie amusante, mais effectivement on a vraiment galéré. Chaque franc était mis de coté pour acheter des pneus, pour acheter de l’essence, pour renouveler les combinaisons de course, pour acheter des pièces, etc … Pas de sortie, pas de cinéma, pas de fringues, effectivement il n’y avait rien d’autre que ça, seul le rallye comptait. Pour une vie de jeunes…. Il fallait vraiment être motivés !
Il y a eu cette année charnière, cette période clef dans votre carrière : l’année 1988 …
A la fin de l’année 1987, après avoir été bien classés à la Coupe 205 en 1986 et propulsés pour notre premier contrat « officiel » sur la 205 GTI du GCAP (groupement des concessionnaires Peugeot) on a été remerciés, on n’avait plus de volant pour l’année suivante, on se retrouvait à pied. François n’avait pas de programme pour 88, et il fallait bien que je mange tous les jours, ce qui n’a pas été le cas pendant longtemps, car on concentrait tous nos efforts pour pouvoir courir. Mais à ce moment-là, je commençais à me lasser de cette vie de saltimbanque mal rémunérée (pas du tout rémunérée pour moi). Quand le directeur de CARABI m’a proposé un job « normal », j’ai sauté sur l’occasion. C’était un travail de relations presse, relations publiques, marketing, qui m’a moralement remis sur les rails. Mais François était toujours à pieds pendant ces 6 premiers mois 1988. En fin de saison, grâce à mon entêtement, j’ai réussi à monter un programme avec cette marque de fringues qui avait un département masculin appelé Winston. Winston a été notre sponsor sur la BMW M3 durant les trois dernières courses de la saison 1988, pour nous remettre sur l’orbite « rallye ». Nous avons fait ces fameuses trois courses avec l’auto du BOUHIER engineering, le sponsor WINSTON et la BMW M3 E30. On a fait Antibes Cévennes et Var avec cette voiture et c’était absolument génial: on a signé là nos premiers temps scratchs et prouvé qu’on était dans le coup. François a pu relancer sa carrière l’année suivante avec Peugeot … qui est revenu le chercher !
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Et pour vous, comment cela s’est-il enchainé ?
Moi j’avais déjà décidé d’arrêter, j’aspirais à une vie plus normale, surtout que ça ne m’apportait rien, hormis le plaisir de rouler à côté de François, je ne gagnais pas ma vie et galérais trop, François n’étant plus mon petit copain depuis longtemps, je n’entrevoyais plus l’ombre d’une hypothèse de carrière de copilote pro. Mon choix d’en rester là était le bon, puisque quand Peugeot a proposé à nouveau un volant à François sur la 309 début 1989, il lui ont d’office associé Tilber qui était déjà en contrat chez eux.
De mon coté, j’étais partie vers d’autres aventures : j’avais deux passions de gamine, qui étaient le sport automobile et l’hélicoptère. Sur une proposition genre « pourquoi pas moi ? », j’ai commencé à participer à toutes les étapes des stages de pilotage nécessaires à l’inscription au volant GET CERGY à Pontoise, et j’ai remporté le volant dans des conditions incroyables, sous la pluie et dans la boue ! J’ai été la plus maline, la moins « bourrin », la plus fine en pilotage. Il faut dire que le mimétisme dans une voiture de course n’est pas un vain mot, j’avais largement eu le temps d’observer François, et moi-même je pilotais déjà depuis l’âge de 11 ans ! Lors de la sélection du volant Marlboro en 1983, j’avais d’ailleurs fini 4ème de la journée (derrière François qui était 2ème, je crois) à Croix en Ternois. Jean-Pierre Beltoise qui était monté avec moi pour me jauger était descendu de la voiture en hurlant de rire « Je n’ai jamais vu une fille attaquer ainsi ! ». Cette anecdote est d’ailleurs racontée dans Echappement ou Auto Hebdo, j’ai précieusement gardé la petite coupure de presse la relatant, j’en étais très fière à l’époque !
Cette victoire au volant GET CERGY vous a permis de participer au Mont Carlo 1990 derrière le volant ?
La dotation était la mise à disposition d’une auto pour une saison, sur terre ou asphalte. Une Peugeot 309 Gti groupe N. J’ai préféré changer le prix en un « coup d’éclat » avec une participation sur le Rallye Monte Carlo 1990 car je pouvais facilement trouver des sponsors pour cette course. Hélas la voiture que j’ai récupérée avait été remontée à la hâte par le pilote vainqueur précédent. Et pas dans les règles de l’art. Nous avons perdu les plaquettes de frein d’une roue sur la bretelle d »autoroute en sortant vers Reims avant le rallye, car ils avaient oublié les goupilles : déjà là, j’ai failli mourir (on ne roulait pas à 130, à l’époque !), réussissant à immobiliser la voiture par miracle en haut de la bretelle de sortie au premier carrefour ! Nous avions également un radiateur défectueux, qui fuyait. Nous avons dû abandonner dans une spéciale près de Gap, dans la neige, sans eau dans le radiateur, avec le moteur qui chauffait. J’étais complètement … dégoutée. J’avais « bouffé » toutes mes cartouches.
A suivre … et la suite est ici 😉
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La grande question…que fait Anne Chantal maintenant ??
Bonjour Loic,
Merci pour votre question. La réponse se trouve dans la seconde partie qui sera publiée la semaine prochaine … 😉
1990 anne pilote que de souvenirs n’est ce pas la miss?
Merci pour cette première partie qui me replonge dans ces années d’intense participation au sport auto: organisation,recherche de sponsors, bénévolat, organisation d’épreuves… Hâte de lire la suite… Et de suivre l’histoire d’autres figures du sport auto. Merci
Merci 🙂
Vivement la suite !
Merci.
La suite est en ligne …